Reporters sans frontières (RSF) a été alertée hier par le cas de la journaliste du Temps, Caroline Christinaz, une affaire qu’elle suit avec attention. L’organisation condamne fermement la mise en cause de la journaliste, partie dans la nuit de samedi à dimanche réaliser un reportage sur les migrants entrant clandestinement en France depuis l’Italie.

Caroline Christinaz, accompagnée du journaliste français Raphaël Krafft de la radio France Culture, avait rejoint deux habitants de la région qui portent secours aux migrants au Col de l’Echelle, dans les Hautes-Alpes. Quatre jeunes mineurs originaires d’Afrique de l’Ouest ont été pris en charge afin de les descendre en lieu sûr. C’est alors que les deux véhicules dans lesquels étaient montés les journalistes et les migrants ont été arrêtés à un barrage de la gendarmerie nationale. Alors que les quatre migrants ont été emmenés par les gendarmes, les deux journalistes et les deux habitants ont été convoqués le lendemain à la gendarmerie de Briançon.

L’interrogatoire de Caroline Christinaz, qui avait présenté sa carte de presse et expliqué qu’elle réalisait un reportage, a duré deux heures. Invoquant la protection des sources, elle s’est refusée à donner des informations sur les personnes avec lesquelles elle se trouvait.

Interrogée ensuite sur sa vie privée afin de connaître ses capacités financières pour établir le montant de l’amende, la journaliste a été photographiée et ses empreintes digitales relevées. On lui a demandé son téléphone portable, dont, de guerre lasse, elle finit par donner le code d’accès. Il lui sera restitué peu de temps après.

S’inquiétant du statut de son audition, la journaliste apprend qu’elle est mise en cause dans une procédure pour aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier d’étrangers sur le territoire français. Selon le Code pénal français, les contrevenants risquent une lourde amende et une peine de prison, jusqu’à 5 ans.

Le journaliste français, convoqué le dimanche après-midi, n’a été entendu pour sa part qu’en qualité de témoin. Il semblerait que l’autorité judiciaire soit intervenue auprès de la gendarmerie de Briançon entre l’audition de la journaliste du Temps et celle de son confrère français de France Culture.

Reporters sans frontières considère que les droits des journalistes ont été ici bafoués. Caroline Christinaz a été immédiatement traitée comme une suspecte, alors qu’elle ne faisait qu’exercer son métier.

La France figure à la 39e place du Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF).

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