Le 11 février, des responsables de l’administration Trump ont empêché deux journalistes d’Associated Press (AP) de couvrir un événement à la Maison-Blanche parce que l’agence de presse indépendante n’avait pas modifié ses standards éditoriaux pour s’aligner sur le programme politique du président. L’interdiction s’est étendue au-delà des évènements du 11 février dans la mesure où un journaliste et un photographe se sont vu interdire l’accès à bord de l’Air Force One, l’avion présidentiel américain, le 14 février. AP est punie pour avoir utilisé le terme «golfe du Mexique», que le président a rebaptisé «golfe de l’Amérique» dans un récent décret. Reporters sans frontières (RSF) condamne cette violation flagrante du Premier amendement et exige qu’AP retrouve sa pleine capacité à couvrir la Maison-Blanche.
«Le niveau de mesquinerie affiché par la Maison-Blanche est si incroyable qu’il masque presque la gravité de la situation. Un président en exercice punit un grand média pour son choix de mots protégé par la Constitution. Donald Trump piétine la liberté de la presse depuis son premier jour au pouvoir.»
Clayton Weimers
Directeur exécutif, RSF USA
Associated Press a été informée ce mardi 11 février par la Maison-Blanche que son organisation se verrait interdire l’accès à un événement si elle ne se conformait pas au décret, a déclaré la rédactrice en chef Julie Pace dans un communiqué. L’agence de presse a rapporté qu’un premier journaliste de l’AP avait été refoulé mardi après-midi alors qu’il tentait d’assister à un événement de la Maison-Blanche. Plus tard dans la journée, un deuxième journaliste d’AP s’est vu refuser l’accès à un autre événement dans la salle diplomatique de la Maison-Blanche. «Limiter notre accès au bureau ovale en fonction du contenu du discours d’AP entrave non seulement gravement l’accès du public à des informations indépendantes, mais viole clairement le premier amendement», a déclaré l’AP. Vendredi 14 février, un journaliste et un photographe ont été interdits de monter à bord de l’avion présidentiel, l’Air Force One.
Dans un tweet publié le vendredi 14 février, Taylor Budowich, l’adjoint au chef du cabinet de la Maison Blanche, a laissé entendre qu’AP s’était engagée en faveur de la désinformation confirmant la décision de la Maison Blanche d’interdire aux journalistes d’AP l’accès au bureau ovale et à l’Air Force One. Il a aussi ajouté que les journalistes d’AP conservaient leurs accréditations pour le complexe de la Maison Blanche
Mais les médias américains révèlent que l’exclusion d’AP du bureau ovale et de l’avion présidentiel n’étaient pas uniquement due à la nouvelle appellation du Golfe du Mexique. En réalité, c’est le guide de rédaction d’AP, jugé trop «libéral» pour la Maison Blanche, qui est visé.
Attaques incessantes contre la presse
Peu après son investiture le 20 janvier, le président Trump a signé un décret présidentiel «rétablissant la liberté d’expression», qui proclamait : «La politique des États-Unis est de veiller à ce qu’aucun fonctionnaire, employé ou agent du gouvernement fédéral ne se livre ou ne facilite un comportement qui restreindrait de manière inconstitutionnelle la liberté d’expression de tout citoyen américain.»
Pourtant, les actions ultérieures du président ont continuellement prouvé que cette déclaration est creuse en matière de liberté de la presse. Avant d’interdire l’accès à un journaliste d’AP, l’administration Trump a fait ouvrir par la Commission fédérale des communications (FCC) des enquêtes sur les chaînes publiques NPR et PBS ainsi que sur la chaîne de télévision privée CBS. Elle a restreint l’accès de la presse au Pentagone et a arbitrairement exclu les journalistes indépendants des points presse de la Maison-Blanche. Dans un mouvement de recul de la transparence surprenant, celle-ci a supprimé des dizaines de pages web et d’ensembles de données gouvernementales et a interdit à de nombreux services de presse et communication d’agences du gouvernement de s’exprimer publiquement. De plus, le président a personnellement poursuivi en justice plusieurs organes de presse pour leurs décisions éditoriales protégées par la Constitution.
Les États-Unis sont classés 55e sur 180 pays et territoires, selon le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF.