L’administration Trump a brusquement décidé de placer l’ensemble du personnel de Voice of America (VOA) en congé administratif. Reporters sans frontières (RSF) condamne cette décision, qui marque une rupture avec le rôle historique des États-Unis en tant que défenseurs de l’accès à l’information libre. RSF appelle le gouvernement américain à restaurer VOA et exhorte le Congrès ainsi que la communauté internationale à agir contre cette mesure sans précédent. Cette décision met également en danger les journalistes de l’Agence des États-Unis pour les Médias Globaux (USAGM) actuellement détenus à l’étranger pour avoir exercé leur métier.

Le samedi 15 mars à 9 h 43, Crystal G. Thomas, directrice du Bureau des ressources humaines de l’USAGM, a envoyé un courriel à l’ensemble des employés de VOA leur annonçant qu’ils étaient placés en congé administratif. Par conséquent, tout le personnel permanent, y compris les dirigeants de l’agence, a été contraint d’interrompre immédiatement son travail, entraînant de facto l’arrêt de la production d’informations. L’USAGM regroupe plusieurs médias, dont VOA, Radio Free Europe et Radio Free Asia. 

Malgré le financement du Congrès américain, les rédactions concernées avaient pris des dispositions pour garantir leur indépendance éditoriale. La suspension des médias et le licenciement sans préavis d’innombrables collaborateurs ont des répercussions dans de nombreux pays où VOA ou RFE/RL sont ou ont été actifs, comme la Russie, la Biélorussie, la Chine, l’Iran, le Vietnam ou le Myanmar. Le directeur de RFE/RL, Stephen Capus, a déclaré que la décision de Trump était «un beau cadeau pour les ennemis des États-Unis». Les ayatollahs en Iran, les dirigeants communistes en Chine et les autocrates en Russie et en Biélorussie ne peuvent que se réjouir de la disparition de la station après 75 ans.

«Reporters sans frontières (RSF) exprime sa profonde préoccupation face à cette décision de l’administration Trump, une mesure qui menace la liberté de la presse à l’échelle mondiale et remet en cause 80 ans d’engagement des États-Unis en faveur de la libre circulation de l’information. RSF appelle le gouvernement américain à respecter immédiatement l’autonomie de VOA en tant qu’organisation de presse indépendante et à annuler cette décision. En outre, RSF exhorte le Congrès et les acteurs internationaux à se mobiliser contre cette atteinte grave à la liberté de la presse. RSF se tient aux côtés des employés de VOA et s’inquiète du sort des employés de l’USAGM actuellement détenus à l’étranger pour avoir exercé leur métier de journalistes.»

Thibaut Bruttin

Directeur général RSF

VOA est l’un des réseaux de diffusion internationale financés par le gouvernement fédéral des États-Unis. Il s’agit du plus grand et du plus ancien diffuseur international américain, fondé en 1942. VOA produit du contenu numérique, télévisé et radiophonique dans 47 langues à destination des audiences situées en dehors des frontières américaines.

À l’heure actuelle, plusieurs employés de l’USAGM sont détenus à l’étranger. RSF cherche encore à déterminer l’impact de ces décisions administratives sur leur situation.

Les mesures prises par l’administration Trump s’inscrivent dans une série d’actions préoccupantes et de déclarations hostiles visant à remettre en question l’action de l’USAGM et de ses différentes antennes, dont Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE / RL). Le mois dernier, Elon Musk, responsable du Département de l’efficacité gouvernementale, a appelé sur son réseau social X à la fermeture de VOA et de Radio Free Europe/Radio Liberty.

Dans le classement de la liberté de la presse publié par RSF, les États-Unis occupent la 55e place sur 180 pays répertoriés. Il y a encore 15 ans, le pays occupait la 20e place.

Partagez cet article !