À l’initiative de Reporters sans frontières (RSF) et du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), plus d’une centaine d’organisations de défense de la liberté de la presse et de rédactions internationales lancent un appel public pour demander un accès immédiat, indépendant et sans restriction des journalistes internationaux à la bande de Gaza. Elles demandent également une protection totale des journalistes palestiniens, dont près de 200 ont été tués depuis 20 mois par l’armée israélienne.
Depuis plus de 20 mois, les autorités israéliennes empêchent l’entrée des journalistes étrangers dans la bande de Gaza. Dans le même temps, l’armée israélienne a tué près de 200 journalistes palestiniens dans l’enclave bloquée, dont au moins 45 dans l’exercice de leur profession. Les journalistes palestiniens qui continuent de travailler, seuls témoins présents sur le terrain, subissent des conditions intenables : déplacements forcés, famine, menaces permanentes. Cet appel collectif, lancé avec RSF et CPJ, rassemble des médias emblématiques à l’international, de tous les continents, qui réclament leur droit d’envoyer leurs correspondants dans l’enclave pour travailler aux côtés de leurs confrères palestiniens.
« Le blocus médiatique imposé sur Gaza, avec le massacre de près de 200 journalistes par l’armée israélienne, facilite la destruction totale de l’enclave bloquée ainsi que son effacement. Les autorités israéliennes interdisent l’entrée aux journalistes étrangers et orchestrent un contrôle implacable de l’information. C’est une tentative méthodique d’étouffer les faits, de museler la vérité, d’isoler la presse palestinienne, et avec elle la population. Nous exigeons des gouvernements, des institutions internationales et des chefs d’État qu’ils cessent leur silence coupable, qu’ils imposent l’ouverture immédiate de Gaza à la presse internationale, et qu’ils rappellent une évidence trop souvent piétinée : en droit international humanitaire, tuer un journaliste est un crime de guerre. Ce principe n’a été que trop bafoué : il doit être appliqué. »
Thibaut Bruttin
Directeur général de RSF
Ce blocus médiatique sur Gaza continue en dépit des appels répétés de RSF à garantir un accès libre aux journalistes, et des recours judiciaires tels que la demande de l’Association de la presse étrangère (la Foreign Press Association ou FPA) devant la Cour suprême israélienne. Les journalistes palestiniens sont, quant à eux, enfermés, déplacés, affamés, diffamés et ciblés en raison de leur métier. Ceux qui ont survécu au massacre sans précédent des journalistes, se retrouvent sans abris, sans matériel, sans soins et même sans nourriture, selon un rapport du CPJ. Ils risquent d’être tués à tout moment.
Pour mettre fin à l’impunité qui permet à ce crime de continuer, RSF a par ailleurs saisi à plusieurs reprises la Cour pénale internationale (CPI) pour lui demander d’enquêter sur des crimes de guerre présumés commis contre les journalistes à Gaza par l’armée israélienne. RSF soutient aussi les journalistes palestiniens sur le terrain, en particulier à Gaza, à travers des partenariats concrets avec des organisations locales comme ARIJ (Arab Reporters for Investigative Journalism). Ce partenariat permet de fournir un appui matériel, psychologique et professionnel aux journalistes palestiniens, tout en garantissant la diffusion de reportages de qualité, malgré le blocus et les risques. RSF réaffirme, à travers cette coopération, son engagement à défendre un journalisme indépendant et rigoureux, même dans les conditions les plus extrêmes.