Le journaliste fribourgeois Jean-Marc Angéloz a finalement été acquitté par le juge de police de l’arrondissement de la Sarine. Il avait été poursuivi pour instigation à violation du secret de fonction après avoir publié un livre d’entretiens avec l’ancien conseiller d’Etat Georges Godel, entretiens au cours desquels le magistrat lui avait livré des informations couvertes par le secret de fonction. La section suisse de Reporters sans frontières salue ce jugement qui, en s’appuyant sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, rappelle qu’un Etat de droit ne saurait pénaliser le simple fait pour un journaliste de solliciter des entretiens et de poser des questions, y compris, le cas échéant, sur des informations couvertes par un secret de fonction, et que c’est alors au magistrat interrogé et à lui seul de déterminer ce qu’il peut et ne peut pas livrer.

Notre organisation prend acte avec satisfaction de l’issue d’une procédure qui, à vrai dire, n’aurait jamais dû être diligentée. Il n’est pas acceptable qu’un procureur puisse, au mépris de règles juridiques bien établies, mettre en prévention puis condamner un journaliste pour le seul fait d’avoir eu avec un magistrat rompu à l’exercice de sa charge des entretiens méthodiquement cadrés que l’intéressé avait au surplus la possibilité de relire après coup et qui lui réservaient un droit de retrait notamment dans l’hypothèse où les propos confiés enfreindraient le secret de fonction.

Dans un tel contexte, « accuser le journaliste d’instigation, alors qu’il n’a exercé sur son interlocuteur aucune pression ni usé de la moindre ruse, ne résistait pas à l’examen et consituait une atteinte injustifiable à la liberté de la presse, réagit le secrétaire général de RSF Suisse Denis Masmejan. Les poursuites contre le journaliste étaient abusives et destinées à intimider les médias. »

 

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