Le score de la Suisse progresse légèrement en 2018 (8,15 contre 8,64 en 2017). La Suisse gagne ainsi deux rangs dans le classement 2018 de RSF et figure désormais à la 5ème place. C’est le meilleur résultat depuis la création du classement mondial de la liberté de la presse par RSF en 2002.
Cette quasi-stabilité doit être saluée, alors que la situation de la presse se dégrade dans de nombreux pays européens. Le recul de 5 places du Danemark, où la journaliste suédoise Kim Wall a été assassinée l’an dernier, explique aussi la progression de la Suisse. Les experts suisses, qui ont rempli le questionnaire de RSF, mettent en évidence les éléments suivants, survenus ou initialisés en 2017 :

 La pression économique sur les médias privés, en particulier la presse écrite, s’est encore aggravée en 2017. La diminution des recettes publicitaires, au profit surtout des grands réseaux dits sociaux, se traduit par une réduction continue des effectifs journalistiques et un stress accru pour ceux qui restent.

 Cette situation économique difficile amène aussi plusieurs grands éditeurs à regrouper géographiquement leurs rédactions – hormis les rubriques régionales – et à créer des journaux manteaux. Les projets de Tamedia en Suisse alémanique (Tages Anzeiger, Bund, Berner Zeitung et sans doute bientôt Basler Zeitung) et en Suisse romande (24 Heures, Tribune de Genève et Matin Dimanche, ainsi que Matin et 20 Minutes) et l’étude lancée par la Neue Zürcher Zeitung et AZ Medien vont déboucher sur une concentration accrue, la disparition de nombreux postes de journalistes et une perte de diversité.

 2017 aura aussi été marqué par la disparition de l’Hebdo après plus de 35 ans d’existence et, dans la foulée, la restructuration du Temps.

 Le projet de fusion entre l’Agence télégraphique suisse (ats) et Keystone, lancé en 2017, risque de se traduire par la perte de plusieurs dizaines d’emplois de journalistes et un affaiblissement de la qualité des productions, en particulier pour les rédactions francophone et italophone. Il n’est pas certain à ce jour qu’une forme de soutien public puisse atténuer les conséquences de cette profonde restructuration qui a provoqué un mouvement de grève des journalistes de l’ats.

 La vivacité du débat public provoquée par l’initiative populaire No Billag a mis en évidence une contestation inédite de la SSR, de son financement et du périmètre de ses activités. Malgré un rejet massif de l’initiative le 4 mars dernier, ce débat a déjà débouché sur un plafonnement de la redevance en faveur de la SSR, qui va la forcer à économiser quelque 100 millions de francs, et va se poursuivre lors de l’examen de la nouvelle loi fédérale sur les médias électroniques.

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