A l’initiative du Club suisse de la presse à Genève, des organisations suisses et internationales de journalistes et d’éditeurs, dont Reporters sans frontières Suisse, ainsi que des rédacteurs en chef appellent d’une seule voix à libérer Julian Assange au nom de la liberté de la presse. Une très large mobilisation de journalistes et médias s’est constituée alors que le gouvernement britannique a autorisé le 17 juin l’extradition du fondateur de WikiLeaks vers les Etats-Unis où il risque 175 ans de prison. Cette coalition de Genève à laquelle se rallie des organisations journalistiques de nombreux autres pays interpelle directement les autorités britanniques et américaines. Elle demande aussi aux autorités suisses, au nom de la liberté de la presse et des droits de l’homme, d’intervenir pour assurer à Julian Assange un refuge en Suisse ou ailleurs.

La coalition soutient Julian Assange qui usera de toutes les voies de recours encore possibles pour s’opposer à son extradition et retrouver la liberté. Son seul crime est d’avoir publié des documents classifiés révélant notamment des crimes de guerre en Irak et en Afghanistan.

Les porteurs de l’Appel rappelleront notamment à cette occasion qu’une extradition de Julian Assange aurait des répercussions graves pour le journalisme d’investigation puisque tout usage de documents dit “classifiés” ou secrets pourrait être poursuivi et valoir une peine de prison aux enquêteurs. Cette menace renforcera la pression pour l’autocensure et favorisera le renoncement à dévoiler des informations d’intérêt public en provenance de sources officielles “protégées”.

Depuis le 18 mai dernier, la décision d’extrader Julian Assange à la demande des Etats-Unis se trouvait entre les mains de la ministre britannique de la justice, Priti Patel. Cette dernière a signé le 17 juin l’ordonnance d’extradition, estimant qu’il n’y avait aucun motif pour interdire cette ordonnance. Cela en violation flagrante des droits de l’homme et au mépris total de la liberté de la presse.

“Nous sommes profondément déçus par la décision honteuse de la ministre de l’Intérieur ordonnant l’extradition de Julian Assange. Celle-ci marque un nouvel échec du gouvernement britannique dans la protection de la liberté de la presse et aura de graves répercussions sur le journalisme dans ce pays et dans le monde entier. Nous espérons que les tribunaux britanniques prendront position pour la liberté de la presse, là où le gouvernement a échoué, en protégeant Julian Assange et en obtenant sa libération plutôt que son extradition. Nous continuerons à suivre les procédures dans cette affaire et à faire campagne pour la libération du fondateur de Wikileaks aussi longtemps qu’il le faudra”, relève Rebecca Vincent, directrice des opérations et des campagnes chez RSF.

Pour rappel, Julian Assange, après avoir vécu reclus à l’ambassade d’Equateur pendant sept ans est aujourd’hui enfermé depuis plus de trois ans au pénitencier de Belmarsh, la prison de haute sécurité de Londres, où il subit, selon Nils Melzer, rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, un traitement qui relève de la torture. Sa santé s’est sérieusement dégradée et en cas d’extradition, il risque une peine de 175 ans de prison.

Au-delà des aspects humains et des violations de droits humains chers à Genève, le cas de Julian Assange constitue un enjeu majeur pour l’avenir de la liberté de la presse alors que celle-ci est de plus en plus attaquée sous toutes les latitudes, y compris en Suisse. A relever, que ce dernier pays, même si la situation y est qualifiée de “plutôt bonne”, a perdu quatre places dans le classement 2022 de Reporters Sans Frontières reculant ainsi au 14e rang. Des dispositions récentes touchant à la liberté de la presse expliquent notamment ce résultat.

Avec la participation de

  • Edgar Bloch, co-President, impressum, Journalistes suisses
  • Daniel Hammer, secrétaire général, Médias Suisses
  • Denis Masmejan, secrétaire général, Reporters Sans Frontières, Suisse
  • Dominique Pradalié, présidente, Fédération internationale des Journalistes (FIJ) et Syndicat National des Journalistes (France)
  • Marc Meschenmoser, co-président Investigativ.ch
  • Jean-Philippe Ceppi, producteur, Temps Présent (RTS) et membre investigativ.ch
  • Nicole Lamon, rédactrice en chef adjointe, Matin Dimanche
  • Frédéric Julliard, rédacteur en chef, Tribune de Genève
  • Philippe Bach, rédacteur en chef, Le Courrier
  • Serge Michel, Rédacteur en chef, heidi.news
  • Tim Dawson, National Union of Journalists, Grande-Bretagne (zoom)
  • Karen Percy,  présidente de Media Entertainment and Arts Alliance (MEAA), Australie (Zoom)
  • Mika Beuster, co-responsable, Deutscher Journalisten Verband, (Association des journalistes allemands), Allemagne (Zoom)
  • Jean Musy, président de l’Association de la presse étrangère en Suisse (APES)
  • Agustin Yanel, Secrétaire général, de la Fédération des syndicats de journalistes espagnols, Espagne
  • Pierre Ruetschi, Directeur exécutif, Club suisse de la presse et président du Prix Dumur.

Dix autres rédacteurs et rédactrices en chef suisses soutiennent l’Appel. D’autres organismes internationaux se joignent à l’Appel.

SIGNEZ ICI (la signature est réservée aux journalistes)

Partagez cet article !