Avec au moins 13 autres organisations et associations de défense du droit à l’information et 29 sociétés de journalistes, Reporters sans frontières (RSF) dénonce une attaque flagrante contre la liberté de la presse après la censure préalable d’une enquête du média en ligne français Mediapart (AP Photo/Francois Mori), prononcée par le tribunal judiciaire de Paris. Cette décision prise sans audience publique, ni débat contradictoire, est pour RSF un contournement dangereux de la loi française du 29 juillet 1881.

Ce verdict se rapproche beaucoup des « mesures provisionnelles » du droit suisse, fortement débattues au Parlement fédéral à Berne et finalement rendues plus faciles à obtenir par des plaignants cherchant à empêcher préventivement la diffusion d’information les mettant en cause. La section suisse de RSF avait fermement condamné une telle adaptation, qu’elle considère comme profondément contraire à la liberté de la presse.

Nous reproduisons ci-après la prise de position commune de RSF et de nombreuses organisations de journalistes condamnant la décision qui frappe Mediapart:

Nous, sociétés de journalistes, associations de défense du droit à l’information, organisations de journalistes, dénonçons avec force la décision du tribunal judiciaire de Paris de faire injonction à Mediapart de ne pas publier de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, après celles du chantage à la sextape. Cette censure préalable, décidée sans débat contradictoire, est une grave et flagrante attaque contre la liberté de la presse.

Comment une telle décision a-t-elle pu être rendue, en dehors de toute contradiction, alors qu’il existe pourtant des procédures d’urgence, qui auraient permis à Mediapart de se défendre ?

Depuis la loi du 29 juillet 1881 qui a instauré en France le droit d’information et la liberté d’expression, jamais une telle procédure, à notre connaissance, n’avait été utilisée pour censurer préalablement un média.

Dans un contexte où un industriel a récemment détourné le droit de la presse pour poursuivre un média devant les tribunaux de commerce, où des hommes d’affaires multiplient les procédures bâillons et où de nombreux journalistes se voient refuser l’accès à des données d’intérêt public au nom du « secret des affaires », cet acte liberticide nous inquiète profondément quant à la situation de la liberté de la presse en France.

Nous sommes solidaires de nos consœurs et confrères de Mediapart et nous nous tenons à leurs côtés.

 

Premières organisations et associations signataires

Informer N’est Pas un Délit

Reporters sans frontières

Fédération Internationale des Journalistes

Association de la Presse Judiciaire

Profession Pigiste

SNJ-CGT

CFDT Journalistes

F3C CFDT

SGJ-FO

We Report

Splann !

Forbidden Stories

Collectif Extra Muros

Reflets.Info

 

Premières Sociétés de Journalistes signataires

SDJ de Premières Lignes

SDJ d’Arrêt sur Images

SJPL Libération

SDJ de l’Humanité

SDR de La Vie

SDJ de BFMTV

SDJ de M6

SDJ de France 2

SDJ de FranceInfo.fr

SDJ de Paris Match

SDJ de Télérama

SDJ de Public Sénat

SDJ de Marianne

SDJ de Courrier international

SDJ des Échos

SDJ de Midi Libre

SDJ de France 24

SDJ de La Tribune

SDR de l’Obs

SDJ du Figaro

SDJ d’Usine Nouvelle

SCJ de Sud Ouest

SDJ de NRJ Group

SDJ de RTL

SDR du Monde

SDJ de RFI

SDJ du Parisien / Aujourd’hui-en-France

SDJ de Radio France

SDJ de LCI

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