A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la cyber-censure, Reporters sans frontières (RSF) lance une nouvelle édition de son opération Collateral Freedom. L’objectif : rétablir l’accès à des médias en ligne censurés dans leurs pays.
Le blocage des sites de médias indépendants est l’une des stratégies les plus répandues chez les prédateurs de l’information. Depuis 2015, RSF cherche à les contrer en créant des sites “miroirs”, c’est-à-dire des copies conformes de ces sites. Après avoir débloqué 10 sites en 2015, six en 2016, et cinq en 2017, RSF remet en ligne trois nouveaux sites à l’occasion du 12-Mars, journée mondiale de lutte contre la cybercensure. Au total, RSF rétablit donc l’accès à 24 sites d’information.
Au Burundi, à Oman et en Iran, des médias indépendants continueront d’exister grâce à Collateral Freedom
Parmi les sites débloqués, le site indépendant burundais Iwacu. Depuis la fermeture forcée des radios du pays sur ordre du président Pierre Nkurunziza en 2015, Iwacu est l’un des derniers médias libres au Burundi. Mais comme d’autres sites d’informations en ligne burundais, l’hebdomadaire est devenu inaccessible. Depuis le 10 octobre 2017, une page blanche indiquant un problème d’URL ou de site bloqué s’affiche à l’ouverture du site internet du journal, laissant même penser qu’il a été tout simplement fermé.
Autre média remis en ligne : Mowatin (« citoyen »), un magazine électronique indépendant, créé en 2013 à Oman par le journaliste et écrivain Mohamed al Fazari, peu après sa sortie de prison. Le blogueur et défenseur des droits humains avait été arrêté en juin 2012 avec d’autres activistes, accusé de “rassemblement avec l’intention d’organiser des émeutes” et “d’insultes envers le Sultan”. Bloqué en 2017 à Oman et en Arabie saoudite, le site Mowatin a migré sur un autre nom de domaine. S’il est aujourd’hui accessible à Oman, il reste bloqué en Arabie saoudite.
Majzooban Nor est la seule source d’information indépendante de la communauté soufie d’Iran. Les journalistes qui collaborent avec le média sont très souvent la cible du régime iranien. En février 2018, le site a publié des informations et diffusé des vidéos sur les violences policières lors des manifestations qui ont secoué le pays. Plusieurs de ses collaborateurs ont été tabassés par les forces de l’ordre, au point de plonger deux d’entre eux dans le coma durant plusieurs jours. Victime de plusieurs cyberattaques, le site n’est plus accessible depuis 2011. Les soufis sont dans le collimateur du pouvoir depuis 10 ans.
La technique du mirroring : comment RSF débloque ces sites ?
RSF met en ligne une copie conforme synchronisée en temps réel, hébergée sur de grands services informatique tels que Fastly, Amazon ou OVH. Cette technique est appelée le “mirroring”. Pour les Etats prédateurs de l’information, bloquer l’accès à ces sites miroirs est très difficile, car il faudrait pour cela couper la connexion à l’ensemble des services de ces géants du web. Une telle entreprise générerait des dommages collatéraux importants pour les ennemis d’Internet, et c’est ce que RSF leur rappelle à travers l’opération #CollateralFreedom.
Pour pouvoir poursuivre l’opération #CollateralFreedom, RSF lance cette année une opération de financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank