Au cours de sa première présidence, le nouveau président américain désigné Donald Trump a utilisé plus de deux mille fois le terme de « Fake News » dans ses discours, interviews et autres apparitions pour attaquer les journalistes. Lors de la campagne électorale de cet automne, il a demandé que la licence de diverses chaînes de télévision (dont CBS, CNN et NBS) soit retirée.
Et lors de l’un de ses derniers meetings de campagne en Pennsylvanie, dimanche dernier, Trump s’est exprimé de manière particulièrement explicite et méprisante sur le travail des professionnels des médias : Si quelqu’un devait à nouveau tenter de l’abattre lors de ce meeting, les balles devraient d’abord passer à travers les journalistes auteurs de « fake news » se tenant devant lui.
De telles déclarations sont dangereuses pour la démocratie aux Etats-Unis ainsi que pour le travail des professionnels des médias. Elles ne mettent pas seulement leur vie et leur travail en danger, elles constituent également une menace pour la situation déjà difficile de la liberté de la presse au pays du « Premier amendement ». Cet important amendement constitutionnel protège depuis 1791 la liberté d’expression, la liberté de religion, la liberté de réunion et la liberté de la presse aux États-Unis. Pour sa nouvelle présidence, Donald Trump doit mettre fin à ses attaques contre les journalistes et faire à nouveau des Etats-Unis un leader mondial de la liberté de la presse.
« La liberté de la presse est l’un des piliers de base de notre démocratie, cette démocratie qui a fait la grandeur des Etats-Unis. Attaquer les médias, c’est en réalité attaquer le droit des citoyens de savoir. La nouvelle administration Trump peut et doit changer de ton avec les médias et prendre des mesures concrètes pour protéger les journalistes et développer un climat propice pour des médias robustes et pluralistes. Quelle que soit la voie que choisira Trump, RSF restera un défenseur infatigable de la liberté d’informer et de la sécurité des journalistes.
Clayton Weimers
Directeur exécutif, RSF USA
Le fait qu’Elon Musk et Peter Thiel, deux millionnaires influents et puissants dans le domaine de la technologie, soient désormais en contact étroit avec le 47e président des Etats-Unis, est en outre problématique : ils représentent des groupes technologiques trop peu réglementés et contrôlés, dont les plateformes comme X sont devenues ces dernières années un canal important pour les partisans de Trump. Ils délégitiment en outre, de la même manière que Donald Trump, les médias reconnus aux Etats-Unis, et se présentent comme les défenseurs d’une liberté d’opinion et d’expression radicale.
Dans ce contexte, RSF Suisse s’inquiète de la situation future de la liberté de la presse aux Etats-Unis. Avec son 55e rang, en recul de 10 places, le pays atteint déjà son plus mauvais score historique dans le classement 2024 de la liberté de la presse publié par RSF.
Avant même les élections, RSF a élaboré un plan en dix points qui devrait servir de point de repère à la future administration pour des actions urgentes et nécessaires. Ce plan comprend les points suivants :
- Les Etats-Unis doivent se positionner comme leader mondial en matière de liberté de la presse et dénoncer les violations de la liberté de la presse partout où elles se produisent.
- Le pays doit s’engager à libérer les femmes journalistes américaines emprisonnées à tort et à rendre justice aux journalistes américains tués à l’étranger.
- La liberté de la presse doit être une priorité de la diplomatie américaine au niveau bilatéral et multilatéral.
- Les Etats-Unis doivent montrer l’exemple en organisant régulièrement des points de presse, en mettant en place des procédures équitables et apolitiques pour l’accréditation des médias et en accordant régulièrement des interviews à différents médias.
- Les autorités traitent les journalistes et les autres professionnels des médias avec respect.
- Elle réaffirme publiquement le droit et la nécessité pour les professionnels des médias d’effectuer leur travail en toute sécurité, y compris la couverture des manifestations et des protestations.
- Le gouvernement s’engage en outre à signer la loi sur la presse.
- Les Etats-Unis s’engagent à réglementer l’intelligence artificielle (IA) afin de protéger la fiabilité des informations.
- Le gouvernement crée un poste d’envoyé spécial américain pour la liberté de la presse ou un poste similaire.
- La loi sur l’espionnage doit être réformée et l’intérêt public doit y être intégré.