(Photo Keystone-ATS) Reporters sans frontières (RSF) Suisse a pris connaissance avec stupéfaction et déplore le déroulement du procès en appel du double homicide des Verrières (NE), ce mercredi 17 juin devant la Cour pénale du Tribunal cantonal neuchâtelois. Ensuite d’une erreur dans les informations adressées aux médias avant l’audience, celle-ci a débuté à 08h30, soit deux heures avant l’heure indiquée aux journalistes. Ces derniers ont dès lors été dans l’impossibilité d’assister à la première partie du procès, en particulier à l’audition de l’accusé, dans une affaire criminelle d’une gravité pourtant exceptionnelle.

Pour réparer son erreur, la Cour a décidé de distribuer à la presse notamment le procès-verbal de l’accusé, mais sans possibilité d’en effectuer une copie et avec obligation de restituer les documents à l’issue de l’audience.

Pour RSF Suisse, cette erreur commise au détriment des journalistes est d’autant plus inexcusable que les medias étaient, en vertu du huis clos partiel décidé par la Cour, les seuls représentants du public admis à assister à ce procès. La première partie de l’audience a donc été de fait soustraite à tout regard extérieur. La distribution d’un procès-verbal après coup ne saurait en aucun cas être tenue pour une réparation satisfaisante. Une chronique judiciaire digne de ce nom et conforme aux exigences de la liberté d’informer implique la presence des journalistes dans la salle du tribunal, afin qu’ils puissent voir et entendre les parties s’exprimer directement.

Cet incident déplorable s’inscrit dans un contexte particulier s’agissant des relations entre les medias et le pouvoir judiciaire à Neuchâtel. La tenue du procès en première instance de ce même crime a donné lieu à la condamnation du journaliste Frédéric Nejad Toulami, qui couvrait l’événement pour le quotidien 20 Minutes. Celui-ci avait refusé de se plier à une injonction du tribunal lui intimant de ne pas révéler une circonstance particulièrement révoltante du drame, d’ailleurs mentionnée comme telle par le procureur dans son réquisitoire. D’abord acquitté, le journaliste a été reconnu coupable par le Tribunal cantonal neuchâtelois d’insoumission à une décision de l’autorité. RSF Suisse regrette cette condamnation et craint que ce verdict ne crée un précédent et soit utilisé par les tribunaux pour influer la manière dont les médias rendent compte d’un procès.

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