Des responsables de médias du monde entier se sont joints à Reporters sans frontières (RSF) pour signer une déclaration commune exprimant leur soutien au fondateur d’Apple Daily Jimmy Lai, détenu à Hong Kong, et appelant à sa libération immédiate. Parmi les signataires figurent des directeurs de publication et des rédacteurs en chef de 42 pays, dont deux lauréats du prix Nobel de la paix.

Lire le texte intégral de la déclaration et la liste complète des signataires:

Cette importante déclaration commune est signée par 116 dirigeants de médias de 42 pays à travers le monde, de l’Égypte à la Turquie, de l’Inde à la Gambie, de la Birmanie à la Mongolie, et partout sur le globe. RSF a coordonné cet appel en soutien à Jimmy Lai, devenu une figure emblématique de la lutte pour la liberté de la presse à Hong Kong et dans le monde entier. Cette action vise également à dénoncer l’état déplorable de la liberté de la presse, qui s’est gravement détérioré ces dernières années, dans le territoire.

Lauréat du prix RSF de la liberté de la presse, Jimmy Lai, 75 ans, a consacré ces 25 dernières années à la défense des valeurs de la liberté d’expression et de la presse à travers son média indépendant Apple Daily. Détenu depuis 2020 dans une prison de haute sécurité et régulièrement débouté de ses demandes de libération sous caution, Jimmy Lai purge déjà des peines pour avoir participé à des manifestations pro-démocratie “non autorisées” et pour des allégations de fraude. Plus inquiétant encore, il risque maintenant la prison à vie en vertu de l’implacable loi nationale sur la sécurité, à l’issue d’un procès qui devrait débuter le 25 septembre.

“Nous soutenons Jimmy Lai. Nous sommes convaincus qu’il a été ciblé pour avoir publié un journalisme indépendant et nous condamnons toutes les charges retenues contre lui. Nous appelons à sa libération immédiate”, déclarent les signataires, qui appellent également à la libération des 13 autres journalistes actuellement détenus à Hong Kong, et à l’abandon de toutes les poursuites toujours en cours contre les 28 journalistes ciblés, notamment par la loi sur la sécurité nationale, depuis trois ans.

Parmi les signataires, figurent les lauréats du prix Nobel de la paix 2021 Dmitri Mouratov (Novaïa Gazeta, Russie) et Maria Ressa (Rappler, Philippines) ; le directeur du New York Times A.G. Sulzberger, le directeur du Washington Post Fred Ryan, ainsi que la directrice Goli Sheikholeslami et le rédacteur en chef Matthew Kaminski de Politico (États-Unis) ; les rédacteurs en chef d’un large éventail de grands journaux britanniques, dont Chris Evans (The Telegraph), Tony Gallagher (The Times), Victoria Newton (The Sun), Alison Phillips (The Daily Mirror) ; Ted Verity (journaux du groupe Mail) et Katharine Viner (The Guardian) ; le directeur de publication et de la rédaction de Libération Dov Alfon, le directeur de la rédaction de L’Express Éric Chol et le directeur du Monde Jérôme Fenoglio (France) ; les rédacteurs en chef du Süddeutsche Zeitung Wolfgang Krach et Judith Wittwer, et la rédactrice en chef de Die Welt Jennifer Wilton (Allemagne) ; le rédacteur en chef d’Expressen Klas Granström (Suède) ; en Suisse, Lis Borner, rédactrice en chef, SRF Radio ainsi qu’Adrian Zurbriggen, rédacteur en chef adjoint, Tages-Anzeiger et bien d’autres à travers le monde.

“Nous avons rassemblé ces voix puissantes pour montrer que la communauté des médias internationaux ne tolérera pas que l’on s’en prenne à l’un de ses confrères. Lorsque la liberté de la presse est menacée quelque part, elle est menacée partout. Jimmy Lai doit être libéré immédiatement et, avec lui, les 13 autres journalistes détenus. En outre, des mesures urgentes doivent être prises pour réparer les graves dommages causés à la liberté de la presse à Hong Kong ces trois dernières années, avant qu’il ne soit trop tard.

Christophe Deloire
Secrétaire général de RSF

“Hong Kong est à présent une ville enfouie sous une chape de peur. Ceux qui critiquent les autorités sont menacés, poursuivis, emprisonnés. Mon père est derrière les barreaux depuis 2020 parce qu’il s’est élevé contre le pouvoir du PCC. Parce qu’il a défendu ses convictions. C’est très émouvant de voir aujourd’hui tant de voix puissantes – des lauréats du prix Nobel et de nombreux journaux et médias de premier plan du monde entier – se mobiliser pour lui.

Sebastien Lai
Fils de Jimmy Lai

Ces trois dernières années, la Chine a utilisé la loi sur la sécurité nationale, entre autres, comme prétexte pour poursuivre au moins 28 journalistes, défenseurs et collaborateurs de la liberté de la presse, dont 13 sont toujours sous les verrous, parmi lesquels Jimmy Lai et six employés d’Apple Daily, alors que le journal en lui-même a été fermé – une mesure considérée comme sonnant le glas de la liberté de la presse à Hong Kong.

Hong Kong occupe le 140e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023 – une chute de 122 places en à peine 20 ans. La Chine se situe, elle, au 179e rang des pays et territoires répertoriés.

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