Une représentante de Reporters sans frontières (RSF) a été expulsée de Hong Kong à son arrivée à l’aéroport. Elle était en mission pour l’organisation afin d’assister à une audience dans le cadre du procès historique du directeur de publication Jimmy Lai, qui risque un emprisonnement à perpétuité pour des accusations fallacieuses d’atteinte à la sécurité nationale. Cette entrave des autorités de Hong Kong, inédite pour RSF, illustre une nouvelle fois le recul de la liberté de la presse sur le territoire.

Ce 10 avril 2024, Aleksandra Bielakowska, chargée de plaidoyer de RSF, basée à Taipei, a été détenue, fouillée et interrogée pendant six heures à son arrivée à l’aéroport international de Hong Kong, avant d’être expulsée du territoire. Elle était en mission, aux côtés du directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF, Cédric Alviani, afin de rencontrer des journalistes et d’assister à une audience dans le procès en cours de Jimmy Lai, le fondateur du journal indépendant Apple Daily, qui encourt actuellement une peine d’emprisonnement à vie pour « atteinte à la loi sur la sécurité nationale ».

« Nous sommes consternés par le traitement inacceptable infligé à notre collègue, qui essayait simplement de faire son travail au nom de RSF. Jamais nous n’avons été confrontés à des efforts aussi flagrants de la part des autorités d’un pays de se soustraire à l’examen des procédures judiciaires. Cette affaire souligne encore davantage le caractère absurde du procès en cours contre Jimmy Lai et l’érosion dramatique de la liberté de la presse et de l’État de droit à Hong Kong. Nous exigeons des autorités une explication immédiate et la garantie que nos représentants pourront revenir en toute sécurité sur le territoire pour surveiller la suite du procès de Jimmy Lai, qui ne saurait se dérouler dans l’ombre. Il est crucial que le monde entier soit informé de ce qui se passe à Hong Kong, car cela a des implications majeures pour la liberté de la presse dans le monde.

Rebecca Vincent
Directrice des campagnes de RSF

Aleksandra Bielakowska a été arrêtée au bureau de l’immigration de l’aéroport et détenue pendant six heures. Elle a été interrogée tout au long de sa détention, et ses affaires ont été fouillées à trois reprises. Un avis de détention très vague a été émis, indiquant comme seule justification que son expulsion de Hong Kong était « imminente et/ou immédiate ».

« Ils m’ont détenue pendant six heures, m’ont interrogée et fouillée à plusieurs reprises, avant de m’expulser du territoire sous un prétexte nébuleux. Cette épreuve illustre à quel point les autorités de Hong Kong craignent les équipes des ONG et les défenseurs des droits de l’homme qui cherchent à rendre compte du climat autoritaire qui s’est installé dans le territoire, autrefois bastion de la liberté de la presse.

Aleksandra Bielakowska
Chargée de plaidoyer du bureau Asie-Pacifique de RSF

C’est la première fois qu’un représentant de RSF se voit refuser l’entrée ou est retenu à l’aéroport de Hong Kong. Des représentants de RSF s’étaient déja rendus dans le territoire en juin 2023, ainsi qu’en décembre 2023, à l’occasion de l’ouverture du procès de Jimmy Lai. Les représentants de RSF – y compris Aleksandra Bielakowska – avaient pu entrer dans le territoire, rencontrer des journalistes et des diplomates, et assister sans problème à des audiences dans des tribunaux.

Dans le cadre de sa mission de défense de la liberté de la presse, RSF assiste régulièrement à des procès dans le monde entier, qu’il s’agisse de procédures contre des journalistes en Turquie, ou bien de l’affaire d’extradition intentée par les États-Unis devant les tribunaux britanniques contre Julian Assange.

Hong Kong occupe la 140e place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2023 de RSF, ayant dégringolé de la 18e place en l’espace de deux décennies. La Chine elle-même occupe la 179e place sur 180 pays et territoires évalués.

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