Le journaliste fribourgeois Jean-Marc Angéloz doit répondre ce vendredi devant le juge de police de la Sarine, après que l’audience a été repoussée d’une semaine, de l’accusation d’instigation à violation du secret de fonction. Il est poursuivi pour avoir proposé à l’ex-conseiller d’Etat Georges Godel, alors que celui-ci était encore en fonction, de s’entretenir régulièrement avec lui. Ces dialogues ont fourni la matière d’un livre qui n’a été publié qu’après la fin du mandat du magistrat. Aux yeux de RSF Suisse, l’affaire soulève une question de principe et met en jeu la liberté de la presse. Notre organisation attend que la justice fribourgeoise en tire toutes les conséquences qui en découlent et prononce un acquittement pur et simple.

Pour avoir révélé au journaliste, dans le cadre de ces entretiens, des informations qui auraient dû rester confidentielles, l’ancien élu a déjà été condamné, l’an dernier, pour violation du secret de fonction par une ordonnance du Ministère public que l’intéressé n’a pas contestée. Mais le procureur s’en est également pris au journaliste, le reconnaissant coupable « d’instigation à violation du secret de fonction. » Il lui reproche d’avoir poussé le magistrat à la faute en prenant l’initiative de ces entretiens et en cherchant à en savoir le plus possible sans égard pour le secret de fonction de son interlocuteur. Jean-Marc Angéloz a contesté sa condamnation, et l’affaire sera donc examinée pour la première fois, ce vendredi, par une juridiction de jugement.

Pour Denis Masmejan, le secrétaire général de RSF Suisse, « la condamnation du journaliste par le procureur repose sur une conception indéfendable du rôle des médias dans une société démocratique. Elle revient à empêcher les journalistes de faire leur travail en posant toutes les questions nécessaires pour approcher au plus près la réalité d’une situation. Les journalistes devraient alors se limiter à un rôle de simples porte-voix de l’information officielle. »

La Suisse a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour avoir sanctionné un journaliste pour instigation à violation du secret de fonction (arrêt Dammann c. Suisse du 25 avril 2006). Cette jurisprudence, ancienne et bien connue, s’impose à l’ensemble des juridictions helvétiques et on ne peut que regretter que le Ministère public fribourgeois ait cru pouvoir l’ignorer.

Partagez cet article !