A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, RSF Suisse ainsi que les organisations de journalistes impressum, SSM et syndicom adressent une lettre ouverte au Conseil fédéral pour lui demander d’intervenir activement en faveur de  la libération de journalistes arbitrairement détenus, en particulier en Chine et en Arabie saoudite (Photo GREG BAKER / AFP). En voici le texte:

Genève/Zurich, le 3 mai 2019

Mesdames et Messieurs les conseillers fédéraux,

Le Président de la Confédération, M. Ueli Maurer, vient de rentrer d’une visite d’Etat en Chine. Lors de ce voyage, il a signé une lettre d’intention avec Robin Li, dirigeant de Baidu, en vue d’une coopération entre cette société et l’ambassade de Suisse.

Baidu domine le marché chinois des moteurs de recherche sur internet. Selon un rapport sur la Chine que vient de publier le siège international de Reporters sans frontières (RSF) à Paris, Baidu coopère avec la censure et la propagande gouvernementales. Les informations auxquelles les utilisateurs de ce moteur de recherche ont accès ne sont dès lors pas libres mais sous le contrôle invasif du gouvernement.

Dans la dernière édition du classement mondial de la liberté de la presse publié le mois dernier par RSF, la Chine se classe 177e sur 180 pays. La Suisse, elle, occupe le 6e rang. C’est un résultat qui est à l’honneur de notre pays. La section suisse de Reporters sans frontières ainsi que les organisations de journalistes impressum, SSM et syndicom se rejoignent toutefois pour affirmer que ce très bon classement comporte aussi certaines obligations pour la Suisse, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières, y compris à l’égard d’un pays comme la Chine.

Or, notre pays a récemment montré peu d’empressement à assumer le rôle exemplaire qui devrait être le sien dans la défense de la liberté de la presse. Lors de la dernière session du Conseil des droits de l’homme, au mois de mars, la Suisse a fâcheusement renoncé à soutenir la déclaration d’un groupe de 36 Etats sur l’Arabie saoudite. Ces pays, principalement européens et emmenés par l’Islande, réclamaient à Ryad la libération des nombreux journalistes et activistes arbitrairement détenus. Ils lui demandaient aussi de coopérer à toutes les investigations internationales visant à faire la lumière sur la mort de Jamal Khashoggi.

A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse ce vendredi 3 mai 2019, RSF Suisse, impressum, SSM et syndicom appellent le Conseil fédéral – en particulier le président de la Confédération Ueli Maurer et le chef du Département fédéral des affaires étrangères Ignazio Cassis – à s’engager clairement et activement en faveur de la liberté de l’information, de la sécurité des journalistes et de leur intégrité.

Nous demandons que les autorités suisses interviennent en ce sens auprès de tous leurs contacts et lors toutes leurs missions à l’étranger. Nous rappelons qu’actuellement, 14 journalistes et 50 blogueurs sont détenus en Chine, alors qu’en Arabie saoudite, ils sont respectivement 23 et 14 à être enfermés. En vous priant d’intervenir en faveur de leur libération, nous vous assurons, Mesdames et Messieurs les conseiller fédéraux, de notre haute considération.

Reporters sans frontières (RSF) Suisse

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Syndicat suisse des mass media (SSM)

Syndicom

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