La coalition Hold The Line (HTL) salue la décision de la cour d’appel fiscale philippine, qui a acquitté la colauréate du prix Nobel de la paix Maria Ressa de l’accusation d’évasion fiscale dans quatre des sept affaires initiées par le gouvernement.

S’ils avaient échoué à se défendre contre les charges retenues contre eux, la journaliste philippine Maria Ressa aurait été condamnée à 34 ans de prison et le site d’information Rappler qu’elle a fondé, aurait été contraint à payer une amende conséquente.

Rappler et Maria Ressa n’ont jamais cessé de clamer leur innocence et continueront à « tenir le cap » (hold the line) dans leur défense de la liberté de la presse aux Philippines, alors même qu’ils livrent toujours bataille contre plusieurs  affaires en cours visant à silencier leur travail.

« Cette décision montre qu’il est possible pour le président Ferdinand Marcos Jr de revenir sur la vaste campagne de répression des médias de ses prédécesseurs. Nous espérons voir ici le début de la fin de la stratégie de l’ancienne administration visant à instrumentaliser les tribunaux afin de saper les organisations d’information indépendantes et de porter atteinte à la crédibilité des journalistes. À présent, la prochaine étape est, en priorité, d’appeler à clore toutes les autres affaires contre Maria Ressa et Rappler, et à cesser, une bonne fois pour toutes, la persécution permanente exercée contre eux. »

« Maria Ressa et Rappler continueront à lutter contre la vague d’attaques menées contre eux sur plusieurs fronts : ils refusent de voir leur journalisme entravé et leurs voix réduites au silence ».

Comité de pilotage de la coalition Hold The Line

La décision de la cour d’appel fiscale philippine s’applique à trois affaires accusant Maria Ressa et Rappler d’avoir fourni de fausses informations sur des investissements, la quatrième portant sur l’accusation d’évasion fiscale. Bien que ce verdict représente un sursis, il ne fait aucun doute que l’obligation d’assurer une défense juridique constante face à 23 affaires apportées par le gouvernement depuis 2018 vise à affaiblir le média d’information et Maria Ressa, ainsi qu’à mettre les investisseurs dans le secteur des médias en garde contre les conséquences d’un soutien aux organes médiatiques locaux indépendants.

Maria Ressa, ses collègues et Rappler subissent une campagne soutenue de persécution judiciaire et de violence en ligne, avec 23 affaires individuelles ouvertes contre eux par l’État depuis 2018. La journaliste risque près de sept ans d’emprisonnement pour une précédente accusation de cybercriminalité, actuellement en instance de dernier appel devant la Cour suprême philippine – ce qui signifie qu’elle peut encore être placée immédiatement sous les verrous.

Dans un précédent historique, Rappler a subi un ordre de fermeture officiel – le premier pour l’autorité concernée et les médias philippins – en juin 2022, qui venait s’ajouter à la décision antérieure de révoquer la licence du média.

L’administration Marcos détient encore la possibilité de tourner la page de l’approche du gouvernement Duterte en matière d’intimidation des médias d’information indépendants, qui a notamment menacé de retirer les licences des groupes médiatiques ou de nuire à leurs intérêts commerciaux, afin d’encourager l’autocensure sur les sujets sensibles.

Les Philippines faisaient partie des gouvernements participants du Sommet pour la démocratie organisé aux États-Unis en 2021, lors duquel le président Rodrigo Duterte s’est adressé aux autres dirigeants. Le Sommet réunira de nouveau gouvernements et société civile en mars 2023.

La coalition HTL appelle les États engagés dans la défense de la liberté de la presse et de la démocratie, les organisations intergouvernementales, les investisseurs dans le développement international et les groupes internationaux de société civiles à défendre la liberté de la presse aux Philippines, et exhorte le président Marcos à relancer l’engagement du pays pour une presse libre.

La coalition #HTL comprend plus de 80 organisations internationales. Cette déclaration est émise par le comité de pilotage de #HoldTheLine, sans nécessairement refléter la position, collective ou individuelle, des membres et organisations de la coalition.

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