Reporters sans frontières (RSF) publie dans ses versions espagnole, française et anglaise son rapport “Veracruz: les journalistes face à l’Etat de peur”, consacré à la situation des journalistes dans cet Etat du Mexique considéré comme le plus dangereux d’Amérique latine pour la presse. L’organisation présentera ses recommandations lors d’une conférence de presse à Mexico, le 2 février.
Le rapport “Veracruz: les journalistes face à l’Etat de peur”, publié jeudi 2 février 2017, est le fruit d’une mission de terrain effectuée en juin 2016 au Mexique, lors de laquelle RSF a rencontré des journalistes locaux, des ONG et institutions locales et fédérales engagés dans la défense de la liberté de la presse. Cette enquête revient sur l’environnement de travail déplorable dans lequel évoluent les journalistes du Veracruz, zone la plus dangereuse d’Amérique latine pour la profession. Pris en étau entre des cartels ultra-violents et une classe politique largement corrompue, ces derniers, dès lors qu’ils s’intéressent de trop près aux affaires gênantes et au crime organisé, sont menacés, réprimandés, voire exécutés de sang-froid.
Entre 2000 et 2016, 99 journalistes ont été assassinés au Mexique en relation évidente ou possible avec leur activité professionnelle, dont 20% rien qu’au Veracruz. Les cas d’agressions et de disparitions sont également légion, et l’impunité criante, mettant en évidence l’inefficacité des mécanismes de protection pourtant nombreux dans le pays. Le rapport donne également la parole à des reporters locaux qui ont confié à RSF leurs difficultés à exercer leur métier entre autocensure et exil. Des familles de victimes racontent aussi les batailles juridiques qu’elles livrent, souvent en vain, pour que justice soit rendue.
Le rapport propose enfin une série de recommandations destinées aux autorités fédérales mais aussi au nouveau gouverneur, Miguel Ángel Yunes Linares, héritier du dramatique bilan de son prédécesseur Javier Duarte de Ochoa, qui s’est volatilisé depuis le 12 décembre 2016, accusé d’enrichissement illicite.
Ces recommandations, détaillées par RSF lors de la conférence de presse du 2 février, visent à stopper cette spirale infernale de la violence, trouver des solutions pour améliorer les dispositifs de protection des journalistes existants et lutter efficacement contre une impunité chronique qui entrave la liberté de la presse, au Veracruz et dans tout le pays.