Reporters sans frontières (RSF), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et le Centre international pour les journalistes (ICFJ) s’unissent autour de la campagne #HoldTheLine pour demander un soutien international à la journaliste Maria Ressa et à la presse indépendante aux Philippines.

Célèbre sur la scène internationale, Maria Ressa est une journaliste philippine qui s’est fait un nom en couvrant pendant des années l’Asie du Sud-Est pour la chaîne CNN, avant de fonder le site d’information philippin Rappler, plusieurs fois récompensé pour sa rigueur et son esprit d’innovation.

Le 15 juin 2020, Maria Ressa a été condamnée pour “diffamation en ligne” en compagnie de l’ancien journaliste de Rappler Reynaldo Santos Jr. En cause, un article sur une affaire de corruption qui avait été publié avant même que la loi sur la diffamation en ligne n’ait été promulguée – le parquet a pris prétexte d’une simple correction typographique pour prétendre que l’article avait été “republié” après l’adoption de cette loi, et ainsi lancer l’accusation.

Maintenus en liberté sous caution, les deux journalistes risquent six ans de prison si le verdict est confirmé en appel.

Maria Ressa fait l’objet d’un véritable harcèlement judiciaire, puisqu’elle est poursuivie par plusieurs agences gouvernementales dans au moins six autres cas. Elle encourt une peine cumulée de près de cent ans de prison !

Le site Rappler est aussi accusé en tant que personnalité morale dans la plupart de ces accusations fallacieuses, qui vont de la diffamation d’ordre criminel à la fraude fiscale, en passant par la loi sur les investissements étrangers.

Mais ne nous y trompons pas : derrière ces accusations kafkaïennes, il faut voir la volonté plus large du président philippin Rodrigo Duterte, et de son administration, de faire taire toute forme de journalisme œuvrant dans l’intérêt public. Ainsi, en mai dernier, son gouvernement a ordonné la fermeture du principal groupe de radio et de télévision du pays, ABS-CBN, parce qu’il refusait de répéter la propagande gouvernementale.

Sur l’archipel philippin, l’impunité qui caractérise les crimes commis contre les reporters atteint des sommets, en particulier pour ceux qui tentent de couvrir la pseudo “guerre contre la drogue” menée par le bouillant président philippin – et qui revient concrètement à des exécutions extrajudiciaires de masse. On compte seize journalistes tuées en raison de leur métier depuis que Rodrigo Duterte a pris le pouvoir à Manille, en 2016 – le plus récent a été sauvagement abattu pas plus tard qu’en mai 2020.

Pour la presse indépendante aux Philippines, ce cocktail explosif de violences physiques et de harcèlement judiciaire met dangereusement en péril la liberté d’informer et la démocratie.

Signez de toute urgence cette pétition pour demander l’abandon des accusations fallacieuses qui pèsent contre Maria Ressa, Reynaldo Santos et le site Rappler. En rejoignant cette campagne, vous agissez concrètement en faveur de la liberté de la presse aux Philippines et dans le monde. Aidez les reporters philippins à “tenir tête” (« hold the line » en anglais) en partageant le plus possible cet appel avec le hashtag #HoldTheLine !

 

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