Reporters sans frontières (RSF) exprime sa vive déception devant la décision de la juge britannique de rejeter la demande de remise en liberté sous caution de Julian Assange, alors même que l’état mental du fondateur de Wikileaks a été invoqué pour s’opposer à la demande d’extradition émise à son encontre par les Etats-Unis. RSF appelle à nouveau à sa libération immédiate, pour des raisons à la fois humanitaires et de fond.

Lors d’une audience au Magistrate’s Court de Londres ce mercredi 6 janvier, la juge Vanessa Baraitser a rejeté la demande de remise en liberté sous caution de Julian Assange. Elle a justifié sa décision en déclarant que Julian Assange serait « incité à fuir » et que par « souci d’équité », elle se devait de donner une chance au gouvernement américain de faire appel, ce que ce dernier a indiqué vouloir faire.

La juge Baraitser a estimé que Julian Assange ayant déjà pris la fuite auparavant, il aurait été peu probable qu’il se présente à la justice pour la procédure d’appel s’il était libéré sous caution. Elle a ajouté que l’état mental du fondateur de Wikileaks était pris en charge à la prison de Belmarsh, et précisé que la situation sanitaire due à la Covid-19 était sous contrôle.

« Nous sommes profondément déçus du rejet de la demande de libération sous caution de Julian Assange : c’est une décision inutilement cruelle après s’être opposé à son extradition, s’indigne la directrice des campagnes internationales de RSF, Rebecca Vincent. Alors que ses problèmes de santé mentale ont constitué le fondement du refus de la demande d’extradition, une détention prolongée ne pourra que les aggraver, sans compter que sa santé physique continue également d’être exposée. Cette décision est la dernière d’une longue série de mesures répressives excessives prises à l’encontre de M. Assange. »

« Par principe, personne ne devrait vivre ce que Julian Assange endure depuis 10 ans pour le simple fait d’avoir publié des informations d’intérêt général, a-t-elle poursuivi. Il ne devrait pas passer une seule journée supplémentaire privé de liberté. Nous appelons à nouveau à sa libération immédiate, pour des raisons de fond comme humanitaires. »

Cette décision fait suite à celle du 4 janvier prise par la juge Vanessa Baraitser au Tribunal central pénal de Londres (The Old Bailey) au terme du procès d’extradition. La juge a rejeté la demande des Etats-Unis, mais uniquement en raison de la santé mentale de Julian Assange. Le fondement de cette décision est une source d’inquiétude pour le journalisme et la liberté de la presse, puisqu’à l’avenir, rien n’empêchera des journalistes, des rédacteurs en chef et des sources d’être poursuivis pour des motifs similaires.

RSF a été la seule ONG à assister à toutes les audiences du procès Assange, ce qui lui a permis de documenter les graves dysfonctionnements ayant entaché la procédure.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni occupent respectivement la 45e et la 35e place dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2020.

 

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