Il y a une année exactement, le 2 octobre 2018, le journaliste saoudien Jamal Khashoggi était sauvagement mis à mort dans les locaux du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. Aujourd’hui, toute la lumière n’a pas encore été faite sur cet assassinat d’une indescriptible barbarie commis par des agents de l’Etat. Signe plus qu’alarmant, trente journalistes, éditorialistes ou blogueurs continuent à être arbitrairement détenus dans les prisons saoudiennes pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. Dans ces conditions, Reporters sans frontières (RSF) Suisse estime que les autorités helvétiques, mais aussi les entreprises suisses, ne sauraient considérer que des relations « normales » peuvent être entretenues avec un tel Etat.

RSF Suisse demande une nouvelle fois au Conseil fédéral d’intervenir auprès de l’Arabie saoudite, malgré mais aussi à cause du rôle particulier que la Suisse joue dans la région en raison du mandat de puissance protectrice qui lui a été confié par les deux parties pour représenter les intérêts de l’Iran en Arabie saoudite et inversement.

Relayant les demandes de RSF International, la section suisse de Reporters sans frontières exhorte les autorités helvétiques à tout mettre en œuvre pour obtenir la libération immédiate des 30 journalistes, éditorialistes et blogueurs arbitrairement détenus, tels le journaliste du quotidien AlWatan Saleh Al-Shehi, Raif Badawi ou les militantes féministes Nouf Abdulaziz et Nassima Al-Sada. Le nombre de personnes détenues pour avoir exercé leur liberté d’expression a doublé depuis la désignation de Mohammed ben Salmane comme prince héritier en 2017.

RSF Suisse appelle les autorités fédérales à agir sans relâche pour exiger de l’Arabie saoudite qu’elle respecte la liberté d’expression et assure la protection des journalistes. Aucun accord de coopération quelconque ne doit être conclu ou ratifié par la Suisse avec l’Arabie saoudite tant et aussi longtemps que la situation désastreuse dénoncée par Reporters sans frontières n’aura pas évolué favorablement. Cela vise en particulier la nouvelle convention de double imposition signée entre les deux pays en 2018 mais dont l’examen par le parlement a été suspendu, à juste titre, à la suite de l’assassinat de Jamal Khashoggi. Les autorités politiques et judiciaires suisses saisies du dossier doivent doit également faire preuve de la plus grande fermeté à l’égard des activités contestées de l’avionneur Pilatus en Arabie saoudite.

Le communiqué de RSF International

Notre lettre ouverte au Conseil fédéral du 3 mai 2019, Journée mondiale de la liberté de la presse

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