Au moins dix journalistes et collaborateurs de médias pro-kurdes ont été interpellés le 25 avril dernier pour « appartenance au PKK”. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à les libérer et à cesser les entraves à la liberté de la presse devenues récurrentes.

 

Ce mardi 25 avril, à 19 jours des élections présidentielle et législatives, une opération policière de grande envergure a visé les milieux d’opposition pro-kurdes à Diyarbakir et dans 20 autres villes du pays, dont Istanbul, Ankara et Izmir. Au moins dix journalistes font partie des nombreuses personnes – plus d’une centaine, dont des avocats et des politiciens locaux – interpellées à leurs domiciles et accusées d’appartenir au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

 

 “Il paraît clair qu’il s’agit là d’une manœuvre politique visant à démanteler les médias pro-kurdes et à déstabiliser les partis d’opposition avant les élections. Ces interpellations, qui sont devenues tellement récurrentes qu’elles ne suscitent même plus l’étonnement, constituent des entraves à la liberté de la presse révoltantes qui doivent cesser immédiatement. RSF appelle les autorités à cesser d’instrumentaliser la justice pour étouffer le pluralisme des médias.

Erol Onderoglu
Représentant de RSF en Turquie

 

Le matin du 25 Avril, un rédacteur et un reporter de l’agence Mésopotamie (MA) – Abdurrahman Gök et Ahmet Kanbal –, le rédacteur en chef du quotidien Yeni Yaşam Osman Akın, le propriétaire de l’hebdomadaire Xwebûn Kadri Esen, ainsi que le journaliste indépendant Mehmet Yalçın ont été interpellés par la police de Diyarbakir. Plus tard dans la journée, l’Agence MA a annoncé que Beritan Canözer (JinNews), Mehmet Şah Oruç (MA), Mikail Barut, Salih Keleş et Remzi Akkaya figuraient également parmi les journalistes arrêtés pour “appartenance au PKK”.

Les détails de l’enquête ne sont pas encore connus, le parquet de Diyarbakir ayant imposé le secret de l’instruction sur le dossier. Selon les sources de RSF, les journalistes seront transférés à la direction de la sécurité de Diyarbakir pour y être interrogés. Conformément au Code de procédure pénal (CMK), ils pourraient y être gardés pendant quatre jours, durée qui pourrait être prolongée de quatre jours supplémentaires sur ordre du juge.

25 journalistes kurdes incarcérés en 2022

Depuis 2022, les incarcérations de journalistes se sont dramatiquement intensifiées et la Turquie retrouve sa place parmi les plus grandes prisons de journalistes au monde, comme après la tentative du putsch avorté de juillet 2016.

En effet, cette vague d’interpellations succède à celles de juin et d’octobre 2022, au cours desquelles 25 journalistes et représentants des médias pro-kurdes ont été incarcérés. Leur procès pour “appartenance du PKK” s’ouvre à Ankara et à Diyarbakir, respectivement le 16 mai et 11 juillet.

La Turquie est classée 149e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié chaque année par RSF.

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